L’ouvrage

En mai 2009, alors que s’enlisait la longue lutte engagée par un nombre considérable d’universitaires contre la loi « libertés et responsabilités des universités » (LRU) de 2007 et contre les projets de « mastérisation », un petit groupe d’entre eux lançait un « Appel à refonder l’université ». Ce manifeste, qui recueillit plus de 5 000 signatures, a été perçu comme un tournant décisif dans le débat : au-delà du conflit en cours, il montrait que la crise de l’université française, de plus en plus aiguë, ne peut s’analyser sans prendre en considération l’ensemble de l’enseignement supérieur français, dont elle n’est qu’une fraction chaque jour plus restreinte.

De fait, la société française ne peut plus se permettre de confiner l’université au rôle de voiture-balai de l’enseignement supérieur, avec la charge d’accueillir le public refusé par les autres établissements – classes préparatoires, classes de BTS, grandes, mais aussi moyennes ou petites écoles. En entretenant la fuite des étudiants, cette politique aveugle engendre la désespérance des enseignants-chercheurs, sans l’appui desquels toute réforme est vouée à l’échec et coûte cher à la nation sans espoir de profit.

Le groupe des « refondateurs », qui réunit des représentants de disciplines et de sensibilités idéologiques variées, a continué à réfléchir à une indispensable refonte de l’enseignement supérieur. La conviction qui l’anime est qu’aucune réforme positive ne peut se faire sans un diagnostic lucide de la situation et un large consensus des universitaires. Fruit des réflexions de ce groupe, ce livre rassemble toutes les pièces du dossier et propose des mesures concrètes aisément applicables qui peuvent permettre de redresser la barre et de remettre l’université au service de la société.

 

 

Table des matières

Avant-propos Le groupe informel des Refondateurs

Introduction. « Y-a-pu qu’la fac ! ». L’université, voiture-balai de l’enseignement supérieur

Universités et grandes (ou moins grandes) écoles Les élites politiques françaises et la « chienlit » universitaire : l’université irréformable ? La perception retardée de la crise de l’université Le conflit de 2009 : le premier conflit professionnel des universitaires Un diagnostic mal ajusté L’étincelle : le mépris à l’égard des universitaires L’impasse Sortir de l’impasse

I / La crise aiguë de l’Université

Pourquoi la révolte des universitaries ? Pourquoi si tard ?

1. Le « feu sous la cendre » ou l’exaspération croissante d’une corporation excédée, mais excessivement passive

Une exaspération croissante : quelques témoignages éloquents Les raisons de la dégradation ressentie de la condition des universitaires L’incroyable passivité des universitaires devant la dégradation de leur condition : quelques propos incongrus sur leur responsabilité

2. Retour sur le mouvement : entre analyse des impasses de la contestation et signification profonde du conflit

Analyse rétrospective du mouvement des universitaires Le rôle moteur joué par la Coordination nationale des universités et l’inéluctable glissement vers l’impasse politique Comment expliquer le rôle inédit des juristes dans un mouvement social ? Le ressort profond de la contestation : la défense du métier d’universitaire et de la liberté académique

II / Université et enseignement supérieur : essai de clarification

L’indispensable reconfiguration de l’enseignement supérieur dans son ensemble

3. L’université et l’enseignement supérieur : leçons de l’histoire et état des lieux

Le système des quatre facultés et la professionnalisation des études universitaires L’échec de la rénovation de l’université française (1970-1990) Pourquoi la crise est-elle largement restée inaperçue ? La chute des effectifs universitaires et sa distribution Les diplômes délivrés : un effet d’inertie

Conclusion : mettre un terme à la spirale régressive

4. La crise universitaire et le tabou des grandes écoles

Vers de nouvelles universités fédérales ? La politique des Pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) La double nature des PRES Petit truc d’élite ou grand machin ? Les PRES : matrice d’une université fédérale, omnidisciplinaire, territorialisée « Système des grandes écoles » et Université Le procès du « système des grandes écoles » d’hier à aujourd’hui Un privilège social insupportable Pistes pour l’avenir : rapprochement ou poursuite de la ségrégation scolaire ?

III / Une réforme programmatique de l’Université et de l’enseigment supérieur

L’université en crise. Mort ou résurrection ?

5. Onze modestes propositions pour une réforme démocratique de l’Université française

Réforme des cursus Réorganisation des disciplines Réorganisation du statut des universités

6. De la sélection et de l’orientation : le verrou du premier cycle d’enseignement supérieur

La notion de sélection : essai de clarification conceptuelle Concurrence entre universités et sélection des étudiants Une restructuration globale du premier cycle de l’enseignement supérieur pour sauver l’Université Quelques propositions pour résoudre la quadrature du cercle

Conclusion

Annexes

1. Appel « Refonder l’Université française », paru dans Le Monde du 14 mai 2009 2. Une controverse entre Marcel Gauchet et Laurent Batsch sur l’évolution du système universitaire français : régulation étatique ou \ » régulation compétitive \ » entre universités ? « Vers une \ »société de l’ignorance\ » » ?, par Marcel Gauchet, Le Débat, n° 156, septembre-octobre 2009 (p. 144-166)

Glossaire

Bibliographie

 

  • Éditeur : Editions La Découverte
  • Collection : Cahiers libres
  • Date de Parution : 7 octobre 2010
  • Relié : 274 pages
  • ISBN : 978-2707166463